Interview

« Notre volonté est de préserver le savoir-faire industriel local »

Portrait de Vincent Marie, en veston bleu et chemise claire, barbe taillée povre et sel, tête rasée.
DR Tricotage des Vosges

L’entreprise Tricotage des Vosges se situe dans un Territoire d’industrie, programme de réindustrialisation que copilote l’ANCT. Vincent Marie, président du directoire, expose les ambitions qui guident cette PME de 235 salariés. Épaulée par France Relance à hauteur de 200 000 euros, elle s’inscrit dans son territoire où sont produites ses marques emblématiques, Bleuforêt et Olympia. Le credo de ce fleuron du textile français ? Fabriquer local et préserver le savoir-faire !

Pouvez-vous nous présenter votre entreprise, Tricotage des Vosges ?

Tricotage des Vosges est une PME industrielle familiale, fondée en 1994. Mon père, Jacques Marie, a repris le site de Vagney, qui était voué à la fermeture. Aujourd’hui, nous sommes 235 salariés et nous réalisons un chiffre d’affaires de 23 millions d’euros.

Chaque année, nous produisons, en France, plus de six millions de paires de chaussettes et de collants, vendus sous nos marques Bleuforêt et Olympia.

Tricotage des Vosges est l’une des pionnières du retour au « fabriqué en France », et vous avez engagé un projet de relocalisation d’une partie de votre activité. Qu’est-ce qui motive cette stratégie ?

Dès l’origine, la préservation du savoir-faire industriel a été une priorité, car c’est elle qui garantit la qualité des produits. C’est dans ce cadre que nous avons décidé au moment de la reprise d’Olympia, en 2010, de rapatrier en France la production qui était alors à 100 % délocalisée.

Nous avons également choisi de relancer, en 2017, la production de collants fins en fils synthétiques, en France, sous la marque Bleuforêt. Cette offre vient désormais compléter les collections de chaussettes et collants en fibres naturelles.

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Constatez-vous une réelle évolution dans les attentes des consommateurs et leurs achats ?       

Même si le prix reste l’argument important, le consommateur se montre de plus en plus sensible aux questions de provenance et aux conditions de fabrication, sociales et environnementales.

L’engagement des pouvoirs publics en faveur de l’industrie dans les territoires s’est renforcé, notamment à travers le plan France Relance, qui finance votre projet à hauteur de 200 000 euros. Qu’est-ce que cette évolution représente pour vous ?

Au-delà de l’aide financière appréciable, je suis particulièrement sensible au regain d’intérêt des citoyens et des pouvoirs publics à l’égard de l’industrie française et à l’engagement pour sa préservation.

Vue sur une usine avec une grande cheminée en briques rouges, située le long d'une petite rivière et dans un cadre verdoyant, dans les Vosges
À Vagney, commune de 4 000 habitants, l’entreprise Tricotage des Vosges produit sa marque de chaussettes et collants, Bleuforêt. DR Tricotage des Vosges

Votre PME est installée sur le périmètre du « Territoires d’industrie » des Vosges. Quelle est l’importance, pour vous, de s’investir dans votre territoire et d’y maintenir un savoir-faire ?

Nous avons toujours eu un ancrage local extrêmement fort, une volonté de préserver le savoir-faire local, et nous engageons, chaque année, des investissements importants dans l’outil de production, en particulier dans l’achat de métiers à tricoter de haute technologie.

Tricotage des Vosges semble aussi soucieuse de son empreinte sur son territoire. Comment cela s’exprime-t-il concrètement ?

Nous privilégions les partenaires locaux et tous les fournisseurs à proximité (imprimeurs, cartonniers…) : nous effectuons plus de 50 % des dépenses à moins de 200 km du siège de Vagney. Par ailleurs, l’usine produit 60 % de son électricité par turbine hydroélectrique, alimentée par la rivière de la Mosellote.

 

Récemment, l’Agence nationale de la cohésion des territoires a organisé une exposition photos de Dimitri Tolstoï sur les savoir-faire industriels français, dont votre marque Bleuforêt a fait partie. Que retenez-vous de cette expérience ?

Que l’industrie est un sujet qui intéresse nos concitoyens, et je m’en réjouis !