Valeurs de la République et laïcité
Renaud Epstein et Alice Simon : « C’est une formation utile et de qualité »
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Mis à jour le 01.03.2021
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Publié le 08.12.2019
En 2018, Renaud Epstein maître de conférences en science politique, et Alice Simon, docteure en science politique et post-doctorante, tous deux à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye, en ont conduit une évaluation, à partir des réponses de plus de 1 500 stagiaires à un questionnaire en ligne, ainsi que d’entretiens en vis-à-vis avec des stagiaires et des formateurs. Leurs conclusions sont encourageantes et soulignent l’utilité de ce plan national, réaffirmée par la Mobilisation nationale en faveur des habitants des quartiers.
En chiffres
Début 2019, on comptait plus de 30 000 acteurs de terrain (agents de collectivités, animateurs, acteurs associatifs, médiateurs…) formés dans le cadre du plan national « Valeurs de la République et laïcité », depuis 2015, par plus de 2 200 formateurs et 320 formateurs de formateurs habilités.
(Re)voir notre reportage « En actions » sur une formation Valeurs de la République et laïcité (2017)
Quels enseignements tirez-vous des retours des stagiaires interrogés ?
Alice Simon : Le principal enseignement qui se dégage, c’est le niveau élevé de satisfaction des personnes formées. Pour preuve, 97 % d’entre elles déclarent avoir apprécié la formation, tant au niveau de son contenu, de l’animation pédagogique que de la compétence des formateurs. Deuxième enseignement : les stagiaires jugent que cette formation leur a été utile, quels que soient leur niveau d’information sur la laïcité et leur statut professionnel.
Renaud Epstein : Plus encore que ce haut niveau de satisfaction, c’est son caractère partagé qui est notable. Les formations réunissent des publics très divers en termes de métiers et de statuts, de niveau de qualification, d’âge, d’origines, d’opinions et de croyances, mais tous et toutes portent un jugement très positif sur leur contenu et leur déroulement.
Alors même que la laïcité est (re)devenue une question clivante dans le débat public, la formation « Valeurs de la République et laïcité » parvient à recréer un socle commun et partagé. En d’autres termes, la formation est également appréciée et appropriée, que l’on soit un adulte-relais ou un cadre d’une collectivité territoriale, que l’on soit sensible aux positions de Tariq Ramadan ou à celles du Printemps républicain. C’est un signe de réussite !
D’autres surprises ?
A.S. : Outre la diversité des stagiaires, leur niveau de qualification nous a étonnés. Ils sont globalement plus diplômés que ce que l’on pourrait attendre, au vu de l’objectif de former, en premier lieu, des professionnels travaillant en contact direct avec le public.
Les formateurs ont, eux aussi, un profil diversifié. Malgré leurs techniques de formation variées, la manière dont ils l’adaptent ou les libertés qu’ils prennent par rapport au kit, le message délivré reste homogène.
Comment expliquez-vous cela ?
A.S. : Le kit pédagogique apporte un contenu homogène ainsi qu’une trame qui détermine le déroulé de la formation. C’est un outil de grande qualité, qui est très apprécié par tous les formateurs.
La formation est, par ailleurs, conçue de manière dynamique, avec des activités variées, une progression dans les acquisitions et une participation active des stagiaires.
Avec vos regards de sociologues, quels points forts et utilité de cette formation relevez-vous ?
R. E. : Sur le fond, le message se concentre sur les aspects juridiques de la laïcité et leur mise en pratique. La formation repose donc sur une approche dépassionnée et professionnelle de la laïcité, déliée des opinions individuelles. Ce parti pris fonctionne bien ; il permet de revenir à l’esprit de la loi de 1905, qui était une loi de pacification républicaine.
La grande vertu de cette formation est de rappeler ce qu’est ce principe de laïcité et de montrer comment il se met en action. Nous avons constaté que, dans les quartiers populaires, mais pas seulement, cette formation clarifie la laïcité et ses applications. Elle décrispe les relations et accroît la tolérance chez les personnes qui l’ont suivie.
Des pistes d’amélioration
À l’issue de leur bilan évaluatif de la formation « Valeurs de la République et laïcité », Alice Simon et Renaud Epstein ont suggéré des points d’amélioration, « pas tant sur son contenu que sur les modalités de son déploiement ».
En premier lieu, les conditions d’accès à la formation, qui est parfois imposée aux participants. « Il faudrait faciliter les démarches volontaires en donnant plus de visibilité à cette formation, et mieux mettre en relation l’offre et les besoins de terrain via une plateforme, car les stagiaires ne sont pas toujours le cœur de cible, à savoir les professionnels des quartiers prioritaires qui travaillent avec le public », soulignent-ils. Une des solutions serait de mettre en place une communication incitative pour les toucher et de mutualiser les sessions de formation, à l’échelle d’un département ou d’une région, pour des questions pratiques.
Enfin, notent-ils, le livret du stagiaire est souvent mal imprimé, envoyé par mail, voire pas remis du tout, alors que c’est un document important qui peut accentuer l’impact de la formation. « Il permet d’engranger les connaissances acquises, de mémoriser les notions essentielles, et il peut être partagé », relève Renaud Epstein.
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