Interview

« Le partenariat État-Régions est essentiel »

Portrait de Carole Delga, souriante, en veste rose et chemisier noir.
DR Ph. Grollier-région Occitanie

Présidente de Régions de France, Carole Delga relève l’implication de ces collectivités territoriales dans la relance économique. Cette association d’élus, membre du comité d’administration de l’ANCT, est aussi aux côtés de l’Agence dans la négociation des fonds européens 2021-2027 et dans le développement de l’industrie dans les territoires. Carole Delga, à la tête de l’Occitanie, expose également le rôle et la place qu’occupent les régions dans la vie quotidienne des Français.

Depuis le début de la crise sanitaire, les Régions se sont fortement investies pour la relance économique dans leurs territoires, en complément de l’action de l’État. Quels effets notez-vous, aujourd’hui ?

Les Régions se sont fortement investies dans la crise, avec plus de 2,2 Md€ de dépenses exceptionnelles pour soutenir l’économie et les acteurs locaux. Elles l’ont fait avec l’État, par exemple dans le cadre du « Fonds de solidarité » (500 M€ apportés par les Régions), avec les opérateurs nationaux comme la Banque des territoires, via les Fonds résilience déployés dans 16 régions en associant les départements et les EPCI (400 M€ contractualisés) ou avec BpiFrance, à travers le déploiement du prêt Rebond (1,1 Md€ de prêts octroyés aux entreprises).

À travers cette crise, les Régions sont apparues pleinement comme les cheffes de file du développement économique dans les territoires et comme des partenaires incontournables pour la mise en œuvre de la relance. C’est l’esprit de l’« Accord de méthode » signé avec le Premier ministre, en septembre 2020.

Aujourd’hui, pour réussir le rebond et la transformation de notre économie, le partenariat État-Régions est essentiel. Il doit s’inscrire dans un cadre volontaire de contractualisation renforcée et de confiance dans les acteurs locaux.

L’ANCT et la ministre de la Cohésion des territoires ont montré leur attachement à ce lien avec les territoires pendant la crise. Nous espérons que cette bonne relation perdure au service de la transformation de notre économie et de la résilience de nos territoires.

Les Régions et l’ANCT sont côte à côte pour négocier la nouvelle programmation des fonds européens 2021-2027 auprès de la Commission européenne. Quelles priorités vous paraissent nécessaires pour assurer la relance économique ainsi que la cohésion sociale dans les territoires ?

Nous voulons mobiliser les crédits européens 2021-2027 pour soutenir la relance en tirant les enseignements de cette crise. Les priorités de la politique de cohésion sur nos territoires doivent, à la fois, répondre à un message clair qui est que « L’Europe, ce sont nos territoires » et aux enjeux mis en exergue par la crise, à savoir :

  • s’engager fortement dans la transition énergétique et écologique ;
  • proposer différentes solutions pour aider nos PME à se consolider et à se développer ;
  • réaliser la transition numérique en en faisant bénéficier tous les citoyens ;
  • permettre à tous d’être employables ;
  • faire en sorte que nos entreprises créent de l’activité et de l’emploi ;
  • lutter contre les discriminations sociales et territoriales, y compris en dotant nos territoires les moins avantagés des équipements nécessaires pour améliorer la qualité de vie.

À quoi servent les fonds européens ? La réponse sur ANCTv

Et pour y arriver, je demande également à la Commission européenne de nous faire confiance. Les Régions ont su jouer un rôle prépondérant et décisif dans le traitement de la crise, sur le plan sanitaire, social et économique. Nous connaissons les besoins de nos territoires, et nous saurons les mettre en regard des moyens et priorités de l’UE.

Enfin, j’espère que la Commission entendra la demande portée par l’État et les Régions d’être la plus souple possible dans les critères appliqués à l’éligibilité de certaines entités aux aides Feder dans le domaine de la transition écologique. En effet, aujourd’hui, les universités, les collectivités locales, les offices HLM, etc., sont assimilés à de grandes entreprises et, à ce titre, exclues des règlements…

L’ANCT co-conduit le programme national « Territoires d’industrie ». En quoi vous semble-t-il être un point d’appui pour le développement de l’industrie dans les régions, en général, et en Occitanie, en particulier ?

Le dispositif des « Territoires d’industrie », lancé il y a trois ans par l’État et les Régions – qui pilotent et cofinancent le dispositif sur les territoires, dans un travail étroit avec l’ensemble des partenaires locaux (EPCI, industriels, opérateurs) – est la parfaite illustration de la méthode efficace que nous devons continuer à appliquer ensemble, État et Régions, au service de la réindustrialisation et du rayonnement de l’industrie française.

Si ce dispositif est, aujourd’hui, plébiscité par les acteurs et produit des résultats, c’est parce que la décision est prise au plus près du terrain, entre la Région et les services de l’État en région.

Depuis 2018, les Régions se sont fortement engagées au service des Territoires d’industrie. Elles mobilisent leurs ressources (plus de 300 M€ de crédits régionaux via le Fonds d’accélération ou les lignes de droit commun des conseils régionaux), leur savoir-faire, leurs réseaux et leurs expertises au service des plus de 1 300 projets industriels nés de cette démarche.

C’est ce que nous avons fait en Occitanie, en lien avec l’État et les intercommunalités. Nous l’avons fait parce que le développement industriel et le soutien aux filières sont des leviers essentiels pour le développement économique de nos territoires, pour l’emploi et l’attractivité de notre pays.

Sur ANCTv, voir le bilan en vidéo

Le 17e congrès des Régions des France s’est déroulé en septembre dernier, à Montpellier. Quelle impulsion et rôle souhaitez-vous donner aux Régions en tant que présidente de l’association ?

Fortes de l’expérience acquise dans une période exceptionnelle, les Régions ont souhaité donner une nouvelle impulsion à l’action de notre association.

Pour ce faire, une nouvelle feuille de route a été tracée pour Régions de France. Elle réaffirme nos valeurs de solidarité et de partage, mais aussi notre rôle d’influence auprès des décideurs nationaux et européens.

Tirant les leçons des dernières élections régionales, cette feuille de route met également l’action sur la communication en direction du grand public car, plus que jamais, nos concitoyens ont besoin de savoir ce que leurs élus peuvent faire pour eux. Enfin, considérant que l’organisation institutionnelle de notre pays souffre d’une trop grande verticalité, nous profiterons du débat des élections présidentielles de 2022 pour faire valoir un nouveau modèle de décentralisation dans lequel les Régions doivent avoir toute leur part aux côtés des départements et des communes.

C’est un enjeu essentiel pour moi en tant que présidente de l’institution, de la région Occitanie, mais également en tant que citoyenne. Il en va de la modernisation de notre démocratie.

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