Cités éducatives

À Besançon, un maillon très fort du territoire

Photo portrait de Chantal Vivien, très souriante, cheveux relevés et mains croisées sous le menton
DR

Chantal Vivien est cheffe de projet de la Cité éducative de Besançon, située dans le quartier Planoise. Très investie dans les relations entre acteurs de proximité et institutions, elle évoque son rôle, les spécificités de sa Cité et l’importance de l’échange de bonnes pratiques entre les Cités. Elle est intervenue lors des Rencontres thématiques des Cités éducatives, le 10 octobre dernier, à Paris.

  • 6 200

    habitants de -25 ans

  • 11

    écoles maternelles dans la Cité éducative

Pouvez-vous nous présenter votre Cité éducative ?

Notre Cité éducative a été labellisée en 2019 ; elle fait partie de la première vague. Sa structure est simple, car elle est située sur un seul quartier et une seule ville. En effet, elle couvre tout le quartier prioritaire Planoise, donc le périmètre du Réseau d’éducation prioritaire renforcé (Rep +) et au-delà. Elle compte 11 écoles maternelles, 5 élémentaires, deux collèges, un lycéen général et un lycée professionnel.

Dans ce quartier, 40 % de la population a entre 0 et 25 ans, sur un total de 15 500 habitants, soit 6 200 de moins de 25 ans.

Les partenaires

Les partenaires institutionnels sont la ville – par le biais du Programme de réussite éducative, son service éducation et le projet éducatif territorial –, les services de la préfecture très impliqués et les membres du contrat de ville, qui dépend du Grand Besançon. « Notre Cité est quasiment devenue le volet éducatif du contrat de ville, ce qui donne une grande cohérence aux actions financées dans ce cadre contractuel », indique Chantal Vivien, cheffe de projet de la Cité éducative.
Du côté des acteurs locaux, les associations du quartier Planoise participent à la Cité, ainsi que la Maison de quartier, les trois centres sociaux financés par la Caf pour l’accompagnement à la scolarité. Sans oublier tous les acteurs du champ sportif et culturel.

Qu’est-ce que la Cité éducative change, concrètement, dans l’accompagnement des enfants et de leurs parents, mais aussi pour la communauté socio-éducative ?

Je commencerais par les acteurs socio-éducatifs, car nous avons d’abord orienté notre action vers eux. L’essentiel de notre travail, c’est de parvenir à une meilleure connaissance et une meilleure collaboration entre tous les acteurs du quartier. Avant cette coordination, beaucoup travaillaient les uns à côté des autres, ignorant parfois les compétences de leurs voisins. Maintenant, un club de sport qui repère un jeune en difficulté d’insertion sait à qui s’adresser autour de lui pour mieux accompagner ce jeune.

La Cité éducative permet aussi de monter des projets communs qui allient plusieurs acteurs de la Planoise, qu’ils soient institutionnels ou associatifs. Elle les a amenés à partager leurs préoccupations, leurs difficultés et à s’apercevoir que beaucoup de compétences sont déjà présentes dans le quartier.

C’est devenu un maillage très fort du territoire. Mon rôle consiste à aller de l’un à l’autre, de les rassembler, de les connecter et de les informer. Nous avons ainsi ouvert un compte Facebook pour la Cité éducative.

Les retombées pour les enfants et leurs familles, c’est de pouvoir s’adresser à des interlocuteurs mieux informés, quels que soient leurs métiers dans le quartier, et capables de mieux orienter et renseigner les enfants, les adolescents et les jeunes adultes. Ils peuvent leur présenter un autre interlocuteur local qui répondra à leurs besoins, à la maison France Services ou au point d'accueil numérique, par exemple. Toutes ces informations sont beaucoup plus limpides.

Concrètement, quelles sont vos actions phares ?

Notre but est de décloisonner ce quartier des années 1960, situé à 3 ou 4 km de Besançon. Cette distance géographique en fait presque une petite ville à part. Les connexions avec le reste de la ville sont donc très importantes. Depuis 2014, le tramway a augmenté les déplacements des Planoisiens, mais il reste des freins pour qu’ils se sentent légitimes à aller, notamment, dans les lieux cultures du centre-ville. On travaille d’ailleurs avec les musées et la salle de musique actuelle, que fréquentent peu les habitants du quartier prioritaire.

Les projets financés par la Cité ont amélioré le quotidien des enfants, car nous avons mis l’accent sur le premier degré. Nous avons cherché à faire sortir les enfants du quartier et, aussi, à y faire venir des enfants extérieurs. Nous avons financé beaucoup de moyens de déplacements, via des bons de transports pour les enfants de maternelle, afin que leurs enseignants puissent organiser des sorties culturelles.

Nous avons aussi noué un gros partenariat avec Pôle emploi : la Cité éducative finance un demi-poste d’une conseillère qui intervient dans les collèges et le lycée professionnel. Dès la 5e, elle parle avec les élèves de leur orientation, de leurs envies, des possibles dans leur avenir professionnel…

Quelles sont les difficultés que vous pouvez rencontrer ?

La difficulté majeure que l’on rencontre dans une Cité éducative, c’est de faire bouger les curseurs, de modifier des habitudes de travail en parallèle les uns des autres et propre à chaque institution. Il faut rechercher des solutions sans brusquer les acteurs de la ville et de l’Éducation nationale.

Il faut réussir à pousser des portes et à faire entendre l’intérêt des évolutions que l’on propose. Cela demande une grande diplomatie au quotidien pour que tout le monde avance dans la même direction.

Grâce au comité technique, qui se réunit toutes les six semaines, les trois chefs de file de la Cité éducative, ainsi que la responsable du Programme de réussite éducative, le chef de projet ville, le délégué du préfet, une cheffe d’établissement du Rep + et une inspectrice du 1er degré se rencontrent régulièrement. Les lignes bougent.

Côté réussite, de quoi êtes-vous la plus fière, jusqu’ici ?

Ce dont je suis la plus fière, c’est d’apporter un plus à tous ces acteurs. Tout ce qu’on met en œuvre l’est en concertation avec eux et avec les habitants du quartier, pour répondre aux attentes de chacun.

Les résultats sont déjà palpables, même s’ils sont encore difficiles à chiffrer, à ce stade. On sent un gain de compétences de tous les acteurs et une dynamique très positive. Ils ont adopté l’esprit Cité éducative. Plus personne ne travaille sur le quartier de la Planoise sans penser Cité éducative !

La réussite, c’est donc de l’avoir installée comme quelque chose d’incontournable, comme un chapeau qui couvre tout ce qui existe actuellement. Et c’est un vrai plaisir d’être le trait d’union entre tous les acteurs.

Comment travaillez-vous avec l’ANCT pour animer votre Cité ?

L’Agence nationale de la cohésion des territoires organise régulièrement des rendez-vous pour partager nos expériences, d’une Cité à l’autre. J’ai d’ailleurs présenté plusieurs de nos actions locales, comme celle sur le Service civique ou notre partenariat avec Pôle emploi.

Ces échanges permettent de s’inspirer de ce que font les autres et de remonter de l’information pour mes chefs de file. Par exemple, pour cartographier les acteurs – sociaux, sportifs, culturels… – présents sur le territoire de notre Cité éducative, nous nous sommes inspirés d’une initiative de Nantes-Bellevue (44). Nous sommes en train de construire cette carte avec les services informatiques de la ville pour indiquer les coordonnées, les personnes référentes. Interactive, elle sera sur les sites de la métropole et de la ville pour que les habitants puissent la consulter et avoir une vision globale du quartier.

En effet, le Planois est divisé en trois sous-quartiers, et nous avons constaté que les résidents ne vont pas voir dans le quartier voisin et ne savent pas que l’école de musique est dans le « sous-quartier » Île-de-France, par exemple. Or, les équipements et les services, comme l’accompagnement scolaire, sont tout près de chez eux, à 300 ou 500 m.

L’ANCT a organisé une nouvelle journée nationale des Cités éducatives, le 10 octobre dernier. Qu’en attendiez-vous ?

Après la rencontre de mars 2022, à Aubervilliers (93), j’espérais encore de riches présentations de l’ANCT, de la DGESCO, des travaux des Cités… J’avais beaucoup apprécié les temps informels qui permettent de rencontrer d’autres chefs de projets, d’autres délégués du préfet, d’autres inspecteurs de l’éducation. L’espace était organisé en îlots thématiques où l’on pouvait parler sport, éducation aux médias…

Vous y êtes intervenue. Sur quel sujet ?

Le Clemi de l’Éducation nationale m’a contactée, car nous faisons partie des 15 Cités éducatives qui travaillent avec lui. Nous l’avions reçu, en juin dernier, et fait trois conférences : une pour tous les acteurs du quartier, une pour les parents et, enfin, la troisième pour les enseignants du quartier.

Je suis intervenue sur ce thème, car il y a beaucoup d’outils, pour les enfants et les familles, sur le décryptage de l’information ou le cyber-harcèlement.

 

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