Quartiers d’été

Ille-et-Vilaine, Hautes-Pyrénées, Île-de-France et Bouches-du-Rhône : témoignages d’acteurs de terrain

Accompagnés d'un animateur, des enfants sont accrochés à des filins dans un arbre, avec en fond l'immeuble de leur quartier.
DR Julien Mignot-ville de Rennes

Tout l’été, les services de l’Etat, les collectivités et les associations se sont mobilisés pour organiser des actions éducatives et ludiques dans les quartiers de la politique de la ville de leurs territoires, avec le soutien de l’ANCT. Retour d’expériences.

Ille-et-Vilaine

Ce département, le plus jeune de Bretagne, compte sept quartiers prioritaires de la politique de la ville. Répartis entre Rennes, Saint-Malo et Redon, 37 000 habitants y vivent, dont 27 % de jeunes.

> Isabelle Knowles, secrétaire générale adjointe, sous-préfète en charge de la politique de la ville

« Dès le confinement, nous avons pris conscience de la nécessité de renforcer l'offre de loisirs et les activités éducatives, cet été. En effet, dans les quartiers prioritaires, la population s’est sur-confinée : certaines personnes ne sortaient même pas pendant l'heure autorisée. S’annonçaient aussi les difficultés à partir en vacances dans leurs pays d’origine pour bien des familles… J’ai donc engagé avec les sous-préfets d’arrondissement et les communes concernées une démarche de mobilisation des acteurs du territoire pour être en capacité de proposer une offre de loisirs massive pendant l’été. Et, j’ai assuré la coordination du dispositif au niveau départemental. Nous nous sommes inscrits dans l’opération Quartiers d’été avec un cercle élargi et une volonté d’agir ensemble : les villes, les agglomérations, la métropole, bien sûr, mais aussi le département, la Caf et le tissu associatif. Nous avons ainsi pu démultiplier les actions, toutes proposées en petits groupes, et diversifier les lieux d’intervention. »

Un lien de confiance à établir avec les familles

« Pour les Colo apprenantes, environ 40 séjours, de trois jours en moyenne, ont été organisés. Certains parents se montraient craintifs à laisser partir leurs enfants à cause de la situation sanitaire. Les associations de quartier ont souvent joué un  rôle de médiation grâce à un lien de confiance déjà bien établi : 800 enfants sont partis en mini-camps, au final. Certains n’avaient jamais quitté leurs quartiers jusqu’alors...
Par exemple, pour le village équestre Fénicat de Bruz, près de Rennes, le séjour coûte environ 600 euros, en temps normal. Avec le soutien financier de l’État, Quartiers d’été a permis aux familles de ne rien débourser du tout. Et, cela s’est révélé un vrai succès : seulement 10 % des places proposées n’ont pas été attribuées. 
»

1 enfant sur un poney est entouré de 2 camarades. Tous les trois sourient et posent pour la photo.

 

Des actions diverses pour les adultes et les jeunes

« L’opération nous a aussi permis de renforcer la présence de services publics nécessaires aux habitants, avec le maintien de l’ouverture des bureaux de poste pendant la période estivale, des espaces d’accès aux droits, des centres sociaux et le projet d’une France Services itinérante.
Récemment labellisée, elle va être lancée à l’automne et permettra d’aller vers les publics les plus fragilisés par la crise sanitaire, notamment les étudiants vivant dans les quartiers. »

Le département a aussi bénéficié de sept postes supplémentaires d’adultes-relais (en plus des 32 existants). Ils interviennent sur la tranquillité publique, la médiation et l’accompagnement éducatif. C’est crucial car, après une hausse du phénomène de décrochage scolaire pendant le confinement, il fallait renouer le lien avec les jeunes des quartiers.

Nous avons aussi voulu remobiliser les 16-25 ans vers l’emploi et l’apprentissage à travers des ateliers animés avec la mission locale. Enfin, parmi les autres initiatives de Quartiers d’été, il y a eu des actions autour des relations police/population, avec des présentations des métiers de la police, des opérations « plages propres » ou une journée sur la sécurité routière. »

Nous sommes déjà mobilisés au niveau des services de l’Etat et avec l’ensemble  de nos partenaires, sur la préparation de l’opération Quartiers d’automne, qui sera déployée pendant les vacances de la Toussaint. »

> Patrice Allais, directeur général Solidarité Citoyenneté Culture

« Dès la mi-avril, nous avons commencé à préparer les activités car nous savions que cet été serait très différent des années précédentes… Et nous avons travaillé sur la mobilisation de financement Quartiers d’été de l’ANCT, via la préfecture, à partir de juin.

Outre le dispositif habituel Loisirs Vacances Jeunes – dont le financement par la ville, la Caf et l’État (programme Ville, Vie, Vacances) s’est vu renforcé cette année –, nous avons cherché à accentuer la mobilisation des établissements culturels – comme l’Opéra ou le centre chorégraphique –, de la direction des Sports et des associations sportives ou éducatives sur les offres sportives et de loisirs. Au printemps, nombre de programmations culturelles ont été annulées à cause du Covid. Mais les financements aux structures ont été maintenus, et les acteurs nous ont proposé de les reporter hors les murs durant l’été. 

Projection de lumières sur des immeubles, avec des enfants qui font une ronde au 1er plan

Rennes a consacré un budget supplémentaire de 600 000 euros aux manifestations estivales 2020. Du fait de la crise sanitaire, la ville a axé ses actions en dehors du centre-ville, afin de plus irriguer les quartiers, notamment ses cinq quartiers prioritaires, à travers des visites urbaines guidées, des séances de cinéma en plein air, des projections son et lumière et des spectacles déambulant aux pieds des immeubles.

Nous avons joué la carte de la proximité, tant sur les lieux que sur les modes de communication, puisque nous avons fait distribuer des flyers et des annonces en triporteurs, dans les marchés et les quartiers, pour toucher les habitants au plus près.

Avec les financements de l’État dédiés à l’opération Quartiers d’été – plus de 65 000 euros, au total –, les associations ont pu recruter des animateurs sportifs supplémentaires et proposer des « spots sportifs » sur 20 sites (contre trois les années précédentes), dont 12 en quartiers prioritaires. Ces activités ont bénéficié à plus de 7000 enfants et jeunes.

Grâce aux efforts financiers de la ville, de la Caf et de l’État, la quasi-totalité des  MJC et Maisons de quartier sont restées ouvertes pendant les deux mois d’été alors que, d’ordinaire, plusieurs ferment trois semaines en août. Cela a permis aux jeunes Rennais de continuer à accéder à leurs activités pendant l’été.

Nous avons eu des difficultés à nous coordonner avec l’Éducation nationale sur les actions Vacances apprenantes, présentées tardivement. Mais, globalement, au terme de cette opération, nous retenons le grand intérêt à faire des actions de proximité et à multiplier les lieux d’activités dans toute la ville. »

Hautes-Pyrénées

> Armelle Arné-Gabas, déléguée du préfet, et de Marlène Margui, directrice du groupement d’intérêt public Politique de la ville Tarbes-Lourdes*.

Comment Quartiers d’été a permis de renforcer les activités éducatives et ludiques sur leur territoire, avec l’appui de 30 associations. Ecouter les témoignages.

* Créé en 2000, il réunit l’Etat, le conseil départemental, la communauté d’agglomération, la Caf et trois communes : Tarbes, Lourdes et Aureilhan.

Île-de-France et Bouches-du-Rhône

> Naïma Albay, cheffe de projet et fabmanager de Pole S

Pole S a répondu à l’appel à projets de l’ANCT, et ses FabLab ont proposé des ateliers de création audiovisuelle et de jeu vidéo, ainsi que du pilotage de drônes, dans plusieurs villes d’Île-de-France et à Marseille. Voir la vidéo.

Crédits photos : Julien Mignot-ville de Rennes ; DR.