Une plateforme sécurisée pour les collectivités
L’éclairage de Stéphanie Schaer et François Dégez sur la Suite territoriale
Pour les agents des territoires et les élus locaux, l’ANCT ouvre et adapte la Suite numérique, en proposant l’accès à un nom de domaine, à un serveur et client mail ainsi qu’à un espace de stockage minimal. Ces trois volets constituent la priorité de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) dans sa collaboration avec l’ANCT et dans le déploiement de la « Suite territoriale » auprès des plus petites collectivités. Ce travail sera également conduit en collaboration avec les Opérateurs Publics de Services Numériques.
Stéphanie Schaer, Directrice interministérielle du numérique (DINUM) et François Dégez, Chef de la Division Coordination Territoriale à l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) nous dévoilent dans cet entretien l’utilité, les objectifs et les contours de cette plateforme.
En quoi la mise à disposition d’outils numériques sécurisés était-elle une nécessité pour les agents publics ?
François Dégez : Les menaces cybers sont multiples, permanentes et de plus en plus agressives. Elles affectent la vie de la société (accidents industriels, conséquences environnementales) et le quotidien des citoyens (vol massif de données à caractère personnel et/ou de santé, indisponibilité de systèmes administratifs sensibles). En gérant des données sensibles de nombreux administrés, les collectivités territoriales sont particulièrement vulnérables face à la menace cyber. 60% d’entre elles n’ont que des outils grand public : elles n’ont par exemple, ni nom de domaine, ni messagerie de base. Et elles en ont pris conscience ces dernières années.
Stéphanie Schaer : Par ailleurs, la mise en place de la Suite permettra une communication plus fluide et transparente au sein des administrations et entre les agents et les citoyens, contribuant ainsi à un meilleur service public pour tous. De plus, en période de crise, comme lors de la pandémie de COVID-19, ces outils ont été cruciaux pour assurer la continuité des services publics tout en respectant les mesures sanitaires, notamment par le travail à distance. Enfin, la transformation numérique des administrations publiques s’inscrit dans une démarche d’innovation et de modernisation de l’État, en répondant aux attentes des citoyens pour des services plus accessibles et plus efficaces.
Quelle forme va prendre cette plateforme sécurisée pour les collectivités territoriales ? Comment les collectivités vont-elles pouvoir s’en saisir ?
François Dégez : Le projet de « plateforme sécurisée » est baptisé « Suite territoriale » car il pourrait s’appuyer sur les principes de la Suite numérique de la DINUM, adapté aux besoins spécifiques des collectivités territoriales : un ensemble d’applications seront accessibles et reliées via un bouton d’authentification unique. Un portail permettra en priorité à l’utilisateur d’accéder à un nom de domaine « institutionnel sécurisé », un serveur et un client de messagerie, ainsi qu’à un espace de stockage minimal.
Stéphanie Schaer : La Suite territoriale est l’ouverture de la Suite numérique aux spécificités des collectivités territoriales, notamment en prenant en compte les besoins des petites équipes. Pour les collectivités territoriales, la Suite numérique signifie un accès facilité à des ressources numériques adaptées à leurs échelles et besoins, leur permettant ainsi d’améliorer leur efficacité, leur réactivité et la qualité de leur service public.
Cela passe également par une démarche de co-construction, où les retours d’expériences des collectivités contribuent à l’évolution continue de la suite numérique, assurant ainsi qu’elle réponde au mieux aux défis du terrain.
Quel est le rôle de l’ANCT ? Comment celle-ci va -t-elle travailler avec l’ANSSI et la Dinum ?
François Dégez : Dans le cadre d’une convention de subvention avec l’ANCT, l’ANSSI a délégué la conception et le déploiement de la plate-forme, avec le concours de l’ANSSI pour la prise en compte des aspects « cybersécurité ». L’ANCT assure donc la coordination de l’ensemble des acteurs impliqués en mettant en place la gouvernance et la comitologie du projet. La subvention permet de financer et de piloter l’équipe produit (produit, développement, design, déploiement, support) contribuant opérationnellement à l’adaptation de la Suite numérique et des services qui la composent aux besoins spécifiques des collectivités territoriales.
Stéphanie Schaer : L’ANCT joue un rôle crucial dans l’identification des besoins spécifiques des territoires, en animant des ateliers et en coordonnant les actions avec les différents acteurs impliqués dans la cohésion territoriale. Sa mission est de faciliter la mise en œuvre de projets de développement local, en assurant une liaison efficace entre les collectivités territoriales et les services de l’État. La DINUM, quant à elle, se concentre sur la fourniture de services numériques essentiels, tels que les systèmes fédérateurs d’identité, les infrastructures sécurisées, et la gestion des habilitations.
Quelles sont les prochaines étapes et pour quelles échéances ?
François Dégez : Les travaux concernant la Suite territoriale ont tout juste démarré, en janvier 2024, et se poursuivront a minima jusque fin 2025. La constitution d’une équipe produit dédiée est en cours. A partir du mois de mars, un atelier ouvert thématisé sera organisé toutes les trois semaines pour rassembler l’ensemble des parties prenantes et collectivités intéressées. L’ANCT propose également de constituer un groupe pilote réunissant OPSN et collectivités pour participer aux développements de la Suite territoriale et des services qui la composent. Une première version de cette Suite territoriale devrait être disponible en test pour ces collectivités dès le printemps 2024, avant un déploiement plus massif.
Stéphanie Schaer : En effet, ce service, conçu pour être administré directement par les structures utilisatrices, sera initialement déployé auprès de quelques collectivités sélectionnées pour tester son efficacité, sa facilité d’utilisation et sa sécurité. L’objectif de cette phase pilote est de recueillir des retours d’expérience et d’ajuster le service en fonction des besoins et des contraintes identifiés sur le terrain
→Jusqu’à fin 2025, la « Suite territoriale » est donc en phase d’expérimentation. Un déploiement plus massif sera ensuite envisagé à l’échelle nationale.
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