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Les « Légumes d’à côté », lauréat du Prix du Secrétariat d’Etat chargé de la citoyenneté et de la ville

Remise du pris Talents des cités aux deux fondateurs de Légumes d'à coté
Eric Briat (ANCT) remet le prix à Soheib Haddad et El Hocine Ali Rachedi © BGE/Karine Leouay

Des produits locaux, préparés artisanalement et prêts à cuire pour les restaurateurs et les collectivités : c’est le projet ambitieux dans lequel se sont lancés El Hocine Ali Rachedi et Soheib Haddad, les co-fondateurs de l’entreprise alsacienne « les légumes d’à côté ». Le 23 novembre 2023, lors du concours Talents des Cités, ils ont reçu le Prix du Secrétariat d’Etat chargé de la citoyenneté et de la ville, porté par l’ANCT. Une belle reconnaissance pour cette jeune entreprise qui entend promouvoir les produits des agriculteurs locaux, au service du développement du territoire alsacien.

Dans ce regard croisé, les deux fondateurs reviennent sur la genèse de leur projet, les difficultés et bonnes surprises rencontrées, et les projets de développement à court et moyen terme. Et pour eux, un leitmotiv : « le local est la solution ! ».

Racontez-nous l’aventure de la création des « légumes d’à côté »

El Hocine Ali Rachedi : C’est une aventure que nous avons menée à deux. Nous nous connaissons depuis le lycée où nous avons suivi le cursus Sport Etude ensemble.

Soheib Haddad : J’ai commencé ma vie professionnelle dans la restauration et j’ai été très frappé de constater que très souvent les légumes, et en particulier les pommes de terre, proviennent de l’étranger alors que l’Alsace en produit en grande quantité. La période du Covid a par ailleurs mis sur le devant de la scène la nécessité d’indépendance alimentaire. Tout cela nous a fait réfléchir…

El Hocine Ali Rachedi : Pour nous, le local est la solution, et notre objectif est de pousser au maximum sa production ! Nous nous sommes donc installés à Colmar, car c’est un espace maraicher très riche. On y trouve toutes sortes de légumes, et les agriculteurs ont un vrai savoir-faire, notamment en agriculture biologique.

Comment votre entreprise s’est-elle développée ? Quels sont les obstacles et les bonnes surprises rencontrés ?

Soheib Haddad : Deux ans et demi se sont écoulés entre l’idée et le lancement de « Légumes d’à côté ». Et cela fait moins de six mois que nous sommes installés dans notre atelier de production, à Colmar. L’entreprise est donc toute jeune et notre objectif actuel est d’assoir sa crédibilité. Il a fallu convaincre les banquiers : l’ouverture du compte bancaire professionnel n’a pas été simple ! 

Concernant nos clients, les restaurateurs nous font facilement confiance. Mais, il nous faut davantage de ténacité pour convaincre les structures publiques, telles les cantines.  

El Hocine Ali Rachedi : Gagner en crédibilité est en effet notre défi majeur !

Notre quotidien est rythmé par de belles découvertes : nous ne cessons d’apprendre des agriculteurs avec lesquels nous travaillons. Et la variété de ce que nous offre la nature ne cesse de nous émerveiller.  Au-delà des très bonnes relations que nous entretenons avec la dizaine de clients que nous avons aujourd’hui, nous sommes heureux de constater que notre volonté de développer la production locale fasse écho à une volonté publique.

Comment avez-vous été épaulés, et dans quelle mesure l’ANCT pourra-t-elle vous aider ?

Soheib Haddad : Le hasard nous a fait rencontrer Fatima El Hassousi, cheffe de projet Citeslab à Mulhouse. Elle nous a beaucoup aidés dans le développement de notre projet et dans la mise en réseaux, ce qui nous a permis d’être épaulés par Citeslab, BGE et France Active.

Et bien sûr, en nous choisissant pour le Prix du Secrétariat d’Etat chargé de la citoyenneté et de la ville, l’ANCT montre qu’elle voit le potentiel de notre projet.  

Nous devrions prochainement obtenir un rendez-vous avec la Secrétaire d’Etat chargée de la Ville. Et nous sommes impatients de lui expliquer de vive voix la façon dont une légumerie, installée au milieu d’un quartier prioritaire, peut être un réel outil pour le développement du territoire.

Vous avez reçu le Prix du Secrétariat d’Etat chargé de la citoyenneté et de la ville, porté par l’ANCT : cette reconnaissance est-elle importante pour vous ?

El Hocine Ali Rachedi : Nous avons reçu le prix le 23 novembre dernier, et nous en ressentons déjà les effets bénéfiques. Nos passages dans les médias ont apporté une résonnance locale à notre légumerie. Et nous avons d’ores et déjà été approchés par d’autres grossistes, agriculteurs et futurs clients.

Cette récompense contribue à assoir fortement notre crédibilité. Lorsque demain, nous irons au contact des mairies et des collectivités, nous nous sentirons plus légitimes.

Et puis, nous voyons dans ce prix, attribué par le ministère de la ville, la reconnaissance de la dimension politique de notre projet : une alimentation saine, accessible à tous, mêmes aux cantines scolaires.

Comment imaginez-vous le futur de « Légumes d’à côté » ?

Soheib Haddad : Dans un premier temps, nous voulons développer le projet en Alsace, en augmentant notre clientèle et en proposant à cette dernière davantage de légumes. L’acquisition d’une ligne de production qui automatisera certaines tâches nous permettra de multiplier par 10 notre capacité de production, de gagner en qualité de produits, et de développer notre gamme de légumes. Nous sommes actuellement à la recherche de potentiels investisseurs.

El Hocine Ali Rachedi : Nous sommes trois actuellement à travailler à plein temps à la légumerie. Notre objectif est d’embaucher 9 personnes d’ici trois ans. Dans un deuxième temps, nous irons au contact d’autres collectivités locales pour leur proposer notre outil et notre accompagnement pour sa mise en place.

Nous aimerions que notre modèle dépasse la frontière alsacienne, pour mettre en avant la qualité de la production agricole française et contribuer au développement économique des territoires.