Interview

« Avenir montagnes prépare le futur des massifs et accélère la transition écologique de leurs activités touristiques »

Photoportrait du ministre chargé des Ruralités, Joël Giraud

Joël Giraud, secrétaire d’État chargé de la Ruralité, revient sur le plan interministériel Avenir montagnes que le Premier ministre, Jean Castex, a présenté, le 27 mai dernier. Il nous détaille les axes majeurs de ce plan d’envergure, qui mobilise près de 650 M€ de crédits publics. Le ministre nous présente également le programme d’appui Avenir montagnes Ingénierie que l’ANCT et ses cinq commissariats de massif vont mettre en place pour accompagner une soixantaine de territoires, en 2021 et 2022. Et il nous confie son amour de la montagne…

Le Premier ministre a présenté le plan interministériel Avenir montagnes, le 27 mai dernier. À quels enjeux et ambitions spécifiques répond ce plan dédié aux territoires montagnards, particulièrement touchés par la crise sanitaire et le dérèglement climatique ?

La crise sanitaire a révélé les fragilités d’un modèle économique trop souvent orienté vers le « tout ski ». Elle est apparue, à bien des égards, comme un révélateur de vulnérabilités, dont on peut craindre qu’elles soient accentuées dans les prochaines années en raison du changement climatique.

Le plan Avenir montagnes est le fruit d’une large concertation qui a permis d’aboutir à plusieurs mesures destinées à investir et à préparer l’avenir de nos massifs. Il va permettre de promouvoir une offre touristique plus diversifiée, plus durable et donc plus résiliente. Il offre de grandes opportunités aux territoires de montagnes pour repenser leur offre touristique et rechercher de nouvelles clientèles.

Bien au-delà de cette première ambition, le plan Avenir Montagnes vise à accélérer la transition écologique des activités touristiques de montagnes. Il comporte, enfin, un volet dédié à la dynamisation de l’immobilier de loisir afin de traiter plus particulièrement la problématique dite des « lits froids ». Plusieurs mesures permettront une meilleure utilisation de ces hébergements, actuellement occupés seulement quelques semaines par an. 

Au total, le plan Avenir montagnes représente une mobilisation de près de 650 millions d’euros de crédits publics pour la montagne, générant près de 1,8 milliard d’euros d’investissement dans ces territoires.

En particulier, un fonds Avenir montagnes de 331 millions d’euros est mis en place sur deux volets :

  • un volet d’accompagnement de 31 millions d’euros consacré à l’ingénierie ;
  • un volet de soutien à l’investissement de 300 millions d’euros, visant l’émergence de projets touristiques durables et résilients.

Ce fonds  fera l’objet d’une mobilisation de crédits à parts égales entre l’État et les Régions. Le montant total donnera lieu à une contractualisation dans les Contrat de plan inter-régional (CPIER) de massif pour les années 2021-2027.

Infographie sur les chiffres clés de la montagne et du plan Avenir montagnes DR S. Colato/ANCT

Lors de votre déplacement dans les Hautes-Alpes, ce vendredi 28 mai, vous allez présenter un programme d’ingénierie, animé par l’ANCT et ses opérateurs partenaires, sur lequel s’appuiera le plan. Quels sont ses objectifs et quelles collectivités pourront en bénéficier ?

Ce nouveau programme d’appui de l'ANCT – dénommé « Avenir Montagnes Ingénierie » – constitue la première mesure du plan Avenir montagnes. Il s’agit, en quelque sorte, de la « brique ingénierie » d’un édifice plus grand au service de la promotion des territoires de montagne.

Le programme Avenir montagnes Ingénierie vise des territoires de montagne désirant repenser leur stratégie de développement vers une offre touristique diversifiée et durable. Une soixantaine de territoires, situés dans le périmètre des massifs, seront sélectionnés en deux vagues, l’une dès cette année, l’autre en 2022.

Ce programme s’adresse, en priorité, à des territoires faiblement dotés en ingénierie et à des projets collectifs. Sont éligibles les territoires situés dans les périmètres de massif portant un projet révélateur de l’économie de montagne.

Les 3 piliers d’Avenir montagnes Ingénierie

Capture écran du dossiers de presse présentant les 3 piliers

 

Avenir montagnes Ingénierie : cadre et moyens

Les projets portés par le programme d’appui Avenir montagnes Ingénierie devront être cohérents avec les projets de territoires engagés dans les contrats de relance et de transition écologique (CRTE), qui ont vocation, sauf cas particulier, à constituer la maille de base en termes de périmètre des territoires qui seront sélectionnés.

31 millions d’euros de crédits publics seront mobilisés pour le soutien en ingénierie des territoires lauréats. Chacun d'eux bénéficiera notamment du financement d’un chef de projet à hauteur de 75 % ou encore d’un accompagnement avec un accès aux marchés d’ingénierie de l’Agence nationale de la cohésion des territoires.

Afin d’épouser au mieux les dynamiques des territoires de montagne et de répondre à leurs besoins spécifiques, l’échelle des territoires à sélectionner pourra être souple, si elle est cohérente avec la définition d’une nouvelle stratégie touristique.

En fin, pour promouvoir la politique du dernier kilomètre, un accès prioritaire à France Mobilités est également prévu.

Comment ce programme d’appui s’articule et s’inscrit en complémentarité avec les autres programmes de revitalisation : Petites Villes de demain, Action cœur de ville ou Territoires d’industrie ?

Avenir montagnes Ingénierie complétera utilement les autres programmes d’appui en ingénierie de l’ANCT. Celle-ci renforcera ainsi son rôle de « fabrique à projets » au service des collectivités territoriales.

Question plus personnelle : quels atouts représentent, à vos yeux, les neuf massifs de montagnes – essentiellement ruraux – de notre pays ?

J’ai un attachement sentimental très fort pour la montagne. J’ai présidé pendant des années le comité de massif des Alpes, puis le Conseil national de la montagne. Toute ma vie politique, j’ai œuvré pour les territoires de montagne, et je suis leur représentant au sein du Gouvernement car la politique de la montagne est dans mon décret d’attribution.

La montagne représente un atout considérable pour notre pays. Elle apporte nombre d’aménités positives à la Nation et constitue le puits de carbone de ce pays.

Son patrimoine naturel exceptionnel est le cadre de vie de plus de 10 millions de Français. Et la montagne, qui représente un quart du territoire national, contribue grandement à notre attractivité touristique. Elle doit être absolument préservée. C’est tout le sens de notre action.

Crédit photo : Damien Carles/Terra

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