Témoignages
Réussite éducative : le PRE vu par deux actrices de terrain
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Mis à jour le 20.12.2022
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Publié le 15.12.2022
Julie Schuester
- coordinatrice adjointe du dispositif de Réussite éducative, au sein du centre communal d’action sociale (CCAS) de Reims
Que représente le Programme de réussite éducative (PRE) sur votre territoire ?
Reims compte sept quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). Le PRE intervient sur ces sept quartiers. Nous y suivons environ 1 000 enfants par an, dont 800 à l’instant T.
Sur le terrain, nous sommes une équipe de dix personnes : un coordonnateur, une coordinatrice adjointe, une secrétaire et sept référents de parcours. Ces référents travaillent sur l’ensemble de ces QPV. Et, en moyenne, chaque référent suit une centaine d’enfants, à partir de 2 ans jusqu’aux 16 ans inclus.
Le Dred, c’est quoi ?
À Reims, on ne parle pas de « PRE » pour évoquer le programme de réussite éducative ni même de « DRE », dispositif de réussite éducative ». Ici, concernant la réussite éducative, on dit « Dred » pour « dispositif de réussite éducative ». Un terme proposé, à l’époque, par les élus.
Au vu de ce contexte, quels sont pour vous les atouts du PRE ?
Pour moi, l’atout du PRE réside dans le travail des référents de parcours. Ils sont au cœur des territoires, dont ils deviennent experts. Ils en connaissent les professionnels du monde médico-social, les acteurs socio-éducatifs et scolaires… Cette connaissance fine des quartiers est un atout.
L’autre point fort, ce sont leurs connaissances en matière de parentalité. Ils sont à même d'accompagner les parents dans les entretiens, de les guider et soutenir dans leur fonction parentale.
Et quelles sont les difficultés que vous pouvez rencontrer pour mettre en œuvre le PRE ?
C’est justement le nombre d'accompagnements par référent de parcours. Il est compliqué de pouvoir juguler le nombre de suivis d’enfants, de réfléchir aux critères d’accompagnement.
On aimerait avoir moins de suivis par référent mais, en même temps, c’est aussi une chance que les partenaires se saisissent du Programme de réussite éducative. Ils ont bien compris l’intérêt que représente ce dispositif pour les enfants.
Quels sont ces partenaires ?
À Reims, 30 % sont de l’Éducation nationale (directeurs des écoles et assistantes sociales des collèges) ; 30 % sont des professionnels des circonscriptions solidarité départementales, donc les assistantes sociales ; et 30 % d’autres partenaires comme les maisons de quartier, les centres médicaux psychopédagogiques, les centres d’hébergement, les éducateurs, ainsi que des orthophonistes, des entraîneurs de clubs de sport…
Le PRE rassemble une communauté d’acteurs très élargie. Il est vrai qu’à Reims le Programme de réussite éducative a démarré en 2006. Il a acquis beaucoup d’expérience depuis et, donc, il est bien connu et l'équipe est bien identifiée. Ce réseau très large est une vraie force pour nous.
Qu’est-ce qui vous a amené à participer à cette journée nationale ?
J’ai toujours à cœur de rencontrer les autres coordinateurs, les référents de parcours et les autres professionnels de la réussite éducative.
Et cette journée d'information nous permet de rencontrer des personnes qui nous présentent les services de la Caf et de l’Éducation nationale, avec un peu plus de hauteur de vue. Cela m’intéresse. Tout comme les résultats de l’enquête. On se retrouve complètement dans les résultats, avec quelques petites différences selon les territoires, mais globalement, ça nous parle.
Léna Rothé
- directrice de la caisse des écoles de la ville de La Possession, à La Réunion. Auparavant, elle a été référente de parcours (35 enfants suivis) puis coordinatrice du Programme de réussite éducative.
Quel est le périmètre de votre programme de réussite éducative (PRE), à La Réunion ?
Le PRE de la ville de La Possession est situé sur le quartier prioritaire Saint-Laurent. C’est le plus petit quartier prioritaire de la politique de la ville de France ! Il compte un peu moins de 1000 habitants, et nous avions eu une dérogation sur ce territoire pour l’intégrer à la géographie prioritaire.
Sur ce quartier, nous avons un seul référent de parcours du PRE, avec une file active de 35 enfants.
La Réunion et les outre-mer rencontrent des difficultés spécifiques, que vous avez soulignées lors de votre intervention lors de la rencontre nationale du Programme de réussite éducative. Quelles sont-elles ?
En outre-mer, on rencontre des taux faramineux de décrochage scolaire – 1 jeune sur 4 de mains de 25 ans n’est ni en emploi ni en études ni en formation –, d’alcoolisme fœtal qui vont avoir une incidence sur le développement de l’enfant, de violences intrafamiliales… Ce sont des difficultés majeures pures la jeunesse du territoire en terres d’égalité des chances.
Couplés à cela, les critères de la géographie prioritaire ne sont pas les mêmes en outre-mer qu’en métropole. C’est-à-dire que le revenu média retenu pour le calcul de cette géographie est quasiment divisé par deux, ce qui exclut beaucoup d’enfants qui pourraient être éligibles à l’accompagnement du PRE si nous étions sur les mêmes critères que l’Hexagone. On estime que cela représente entre 8 000 et 15 000 enfants sur tout le territoire de La Réunion.
Malgré ces difficultés, quels sont les atouts du PRE sur votre territoire pour accompagner les enfants de La Possession ?
Comme notre PRE est implanté au sein même du QPV depuis 2009, nous pouvons tisser des liens avec les familles sur tous les temps de la vie quotidienne et sociale. Nous avons un lien fort avec la population qui prend elle-même l’initiative d’aller vers le PRE. Le bouche-à-oreille fonctionne très bien. Et les acteurs de la Caf, de l’Éducation nationale et du Département sont tout à fait disposés à collaborer.
Qu’est-ce qui vous a amené à participer à cette journée nationale ? Qu’est-ce qui vous intéresse dans cette rencontre ?
J’ai construit toute ma carrière autour du PRE, ayant été référente de parcours puis coordinatrice. Je suis particulièrement impliquée dans l’essor et le développement de ce dispositif.
Je me réjouissais de cette journée de rencontre. Je suis venue pour prendre des informations et aussi porter la voix des outre-mer.
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