INTERVIEW

« 2020 doit rester une année utile pour la transformation des quartiers »

Nicolas Grivel

L’Anru, partenaire de l’ANCT, mène de vastes opérations de renouvellement urbain dans 450 quartiers de la politique de la ville. Nicolas Grivel, son directeur, fait le point sur ces projets d’envergure et expose les mesures prises pour leur relance.

Quel a été l’impact de la crise sanitaire sur les projets et les chantiers de renouvellement urbain qui étaient en cours ?

Il est encore tôt pour tirer les conséquences de cette crise historique. Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour que 2020 reste une année utile à la transformation du cadre de vie des habitants des quartiers qui ont été, à plus d’un titre, en première ligne dans cette crise.

Dès début mai, nous avions adressé à tous les élus et leurs équipes un livret pour répondre à leurs interrogations sur la suite de leurs projets de renouvellement urbain, dans ce contexte particulier. Elles étaient de deux ordres : comment gérer le décalage des calendriers des chantiers ? Comment l’Anru pourrait accompagner financièrement les surcoûts causés par les mesures sanitaires sur les chantiers ?

Notre conseil d’administration (CA) a adopté, le 23 juin dernier, une série de mesures visant à proroger, jusqu’en juin 2021, les dates d’engagement ou de paiement d’opérations programmées en 2020. Ce délai complémentaire devrait garantir la bonne finalisation des opérations retardées par la situation sanitaire.

Sur le plan financier, pour soutenir les bailleurs sociaux et les collectivités territoriales et accompagner la relance des chantiers, le CA a prévu la mise en place d’un système de paiement plus favorable au lancement rapide des chantiers : une bouffée d'oxygène pour beaucoup.

Communiqué de presse

Où en est le déploiement du Nouveau Programme national de renouvellement urbain (NPNRU) dans les 450 quartiers concernés ?

Le NPNRU est bien entré dans sa phase opérationnelle et commence à être tangible pour les trois millions d’habitants de ces quartiers. Près de 250 opérations sont déjà achevées (équipements publics, démolitions de logements sociaux, réhabilitations et nouvelles constructions), et plus de 500 sont en chantier !

Cela va s’accentuer : nous avons déjà validé les projets de transformation d’environ 400 des 450 quartiers concernés. Les projets restant à valider le seront d’ici la fin de l’année, dès que les nouvelles équipes municipales seront installées et prêtes à reprendre les échanges avec nous.

Un  impact massif
Les projets du NPNRU mobilisent plus de 10 milliards d’euros de l’Anru pour, notamment, réhabiliter plus de 120 000 logements, démolir 90 000 logements vétustes ou réaliser plus de 800 équipements publics de qualité, dont 250 écoles.

Au-delà des programmes de renouvellement urbain, quelle est l’actualité des autres actions portées par l’Anru ?

Le premier semestre 2020 a été riche pour les Programmes d’investissement d’avenir (PIA) que nous mettons en œuvre et, en particulier, ceux qui ont trait à l’innovation dans les quartiers. Nous avons, par exemple, lancé en février l’appel à projet « Quartiers fertiles » avec le SGPI, l’Ademe et la Banque des territoires pour encourager le développement de l’agriculture urbaine dans les quartiers concernés par le NPNRU. Pour la première vague de candidatures, nous avons reçu plus de 60 projets ! Les premiers lauréats seront annoncés en septembre prochain, et nous ouvrons d’ores et déjà une deuxième fenêtre de candidatures jusqu’en novembre prochain.

Notre démarche Anru+ Les Innovateurs a également poursuivi sa montée en puissance, ces derniers mois. Elle vise à rapprocher les start-up et entreprises de l’économie sociale et solidaire des porteurs de projets pour que la transformation des quartiers ne soit pas seulement l’occasion de rattraper les autres territoires en matière d’innovation, mais bien de prendre un vrai temps d’avance. À ce jour, plus de 200 structures sont référencées par l’Anru. Cette démarche innovante a été récompensée par la revue Acteurs publics, qui nous a décerné la Victoire de l’Acteur public innovant 2020 !

Nous poursuivons également la montée en puissance de nos actions de développement économique dans les quartiers. Notre Fonds de co-investissement nous permet, notamment, d’investir en fonds propres aux côtés d’investisseurs privés dans des opérations d’immobilier à vocation économique (bureaux, résidences services, centres commerciaux…) Ces opérations ne se feraient pas sur ces territoires si un acteur reconnu comme l’Anru ne partageait pas une partie du risque financier à leurs côtés. Les premiers retours sont très bons, et de nombreux projets vont émerger dans les mois à venir.

L’Anru est partenaire de l’ANCT. Comment entendez-vous travailler avec l’Agence ?

La cohésion des territoires est bien au cœur de la raison d’être de l’Anru depuis sa création, il y plus de quinze ans. Il est donc légitime et utile pour ces territoires que l’action des deux agences s’articule bien.

C’est le sens de la convention de partenariat que nos deux conseils d’administration ont adopté. Elle repose, avant tout, sur la complémentarité entre nos agences sur la politique de ville, pour conjuguer le renouvellement urbain avec les différentes politiques publiques dont l’ANCT a la responsabilité dans ces quartiers. Elle prévoit également notre intervention coordonnée sur trois axes majeurs :

  • la bonne mise en œuvre d’Action cœur de ville sur lequel l’Anru est engagée avec une quarantaine de quartiers du NPNRU et du programme national des quartiers anciens dégradés, qui se trouvent dans des territoires ciblés par ce programme de l’ANCT ;
  • la poursuite de la collaboration étroite sur l’intervention dans les surfaces commerciales et artisanales des quartiers prioritaires de la politique de la ville ;
  • permettre à l’ANCT de bénéficier de notre expertise et des investissements prévus dans le NPNRU sur des projets communs tels que les Cités éducatives, dont nous allons accompagner l’émergence dans les quartiers en renouvellement urbain.

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Crédit photo : DR ANRU