Interview

« Le traitement du mal-logement, un enjeu de la transition écologique »

Photo portait de Valérie Mancret-Taylor, directrice de l'Anah

Partenaire de l’ANCT, l’Agence nationale de l’habitat (Anah) accompagne les collectivités et les particuliers pour améliorer l’habitat privé, notamment dans les centres anciens, les quartiers de grands ensembles et les cœurs des villes moyennes. Valérie Mancret-Taylor, sa directrice, nous en dit plus.

Sur quels territoires intervient l’Anah et pour quels besoins ?

Nos politiques d’intervention couvrent tous les territoires. Nos aides visent à résorber le mal-logement dans l’habitat privé. L’Anah agit ainsi sur quatre axes :

  • la lutte contre l’habitat indigne (manque de confort sanitaire, sur-occupation, vacance…) ;
  • la lutte contre la précarité énergétique (amélioration de la performance énergétique pour diminuer les dépenses des ménages) ;
  • le traitement des copropriétés fragiles, notamment dans les centres anciens des villes moyennes ou des métropoles ;
  • l’adaptation au vieillissement de la population et au handicap pour faciliter le maintien et l’autonomie des personnes dans leur logement.

Le plan France Relance montre combien le traitement du mal-logement constitue l’un des enjeux de la transition écologique : il permet de revitaliser les centres anciens et d’éviter de construire de nouveaux logements sur des terres agricoles. Notre rôle, c’est de travailler sur la ville telle qu’elle existe et de la transformer afin qu’elle réponde aux attentes actuelles des habitants.

Aujourd’hui, dans le parc privé, le besoin est énorme et la demande à la hausse, car il y a de fortes attentes du public et des collectivités dans le cadre du renouvellement urbain et de la transition énergétique. La nouvelle aide « MaPrimeRénov’ » illustre cette ambition : la rénovation énergétique devient accessible à tous les propriétaires quels que soient leurs revenus, qu’ils occupent leur logement ou qu’ils le louent, ainsi qu’aux copropriétaires.

Dans quels programmes conduits par l’ANCT, agissez-vous particulièrement ?

L’Anah intervient exclusivement sur le parc privé, à la fois dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, dans le cadre du NPNRU aux côtés de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine, et dans les centres anciens dans le cadre du programme Action cœur de ville piloté par l’ANCT, dont l’Anah est partenaire.

Le but est d’améliorer et de rendre accessible une nouvelle offre de logements de qualité, à un coût abordable. Pour ce faire, notre rôle consiste notamment à accompagner les petites copropriétés privées des centres anciens et des quartiers de grands ensembles en formant les syndics à la rénovation.

Pour Action cœur de ville, l’Anah investit 1,2 milliard d’euros : 1 milliard est consacré aux travaux pour améliorer l’habitat des ménages, et 200 millions d’euros sont dédiés à l’ingénierie pour accompagner les collectivités locales.

Lors de notre dernier conseil d’administration, nous avons complété notre palette d’intervention avec le traitement des façades et la transformation des anciens rez-de-chaussée commerciaux en  pied d’immeuble.

Ainsi, depuis le lancement de ce programme, l’Anah a engagé 290 millions d’euros et traité 33 000 logements.

Sur Action cœur de ville, revoir notre retour en images et vidéos de la 3e rencontre nationale du 8 septembre dernier.

Pourriez-vous nous donner des exemples concrets des réalisations de l’Anah?

L’Anah peut agir dans le cadre d’une contractualisation avec les collectivités locales, qui portent les projets et bénéficient des financements et de l’ingénierie de l’agence.  Elle peut également intervenir en « secteur diffus », en aidant directement les propriétaires. Notre intervention s’articule avec les programmes nationaux auxquels nous prenons part, soit en les pilotant (Habiter Mieux, plan Initiative copropriétés), soit en étant un partenaire actif, comme sur Action cœur de ville.

Par exemple, à Tarbes (65), l’Anah mène une opération de revitalisation du centre ancien (photo ci-dessous, à gauche). Dans ce cadre, elle participe à la réhabilitation d’un immeuble patrimonial vacant. En complément des collectivités territoriales, l’Agence a financé les travaux pour créer cinq logements à loyers modérés, installer un ascenseur et ouvrir un restaurant au rez-de-chaussée.

Immeuble ancien de 3 étages avec une façade grise, avec un magasin en rez-de-chaussée, avant sa rénovation

L’ensemble sera livré fin 2021 mais d’ores et déjà, on observe un effet d’entraînement. Depuis le lancement de cette opération, de nombreux propriétaires ont sollicité des subventions pour rénover leur logement à leur tour. La rénovation en centre-ville prend de l’ampleur.

À Pointe-à-Pitre (971), nous avons financé la rénovation d’un immeuble des années 1960 pour créer quatre appartements au loyer conventionné et davantage adaptés aux besoins actuels des familles, ainsi que quatre locaux commerciaux. Cette intervention a veillé à préserver les éléments architecturaux typiques de la Guadeloupe.

Intérieur d'un appartement rénové : vue du salon depuis la cuisine ouverte et des fenêtres extérieures à clayettes, caractéristiques de la Guadeloupe

 

En chiffres
155 765 logements rénovés
par l’Anah au total, en 2019, dont 117 000 logements aidés contre la précarité énergétique.
970,2 millions d'euros d'aides accordées en 2019.
En savoir plus : https://www.anah.fr/

Crédits photos : DR Anah, DR Uni Architecture