Interview

Évaluation des contrats de ville : assurer le suivi des recommandations qui vont émerger

Portaits de Maud Allanic et Anne Chartier-Rioux sont déléguées du préfet en Ille-et-Vilaine, côte à côte.
Anne Chartier-Rioux et Maud Allanic, à La Gaïté lyrique, le 9 novembre 2021. © Hugues-Marie Duclos/ANCT

Anne Chartier-Rioux et Maud Allanic sont déléguées du préfet en Ille-et-Vilaine. Leur département compte sept quartiers prioritaires, situés sur trois communes et pilotés par trois contrats de ville.

Quel rôle jouez-vous dans l’évaluation des contrats de ville de Rennes (35) ?

L’évaluation a été engagée, dès 2018, sur le territoire rennais. Les collectivités de Rennes Métropole et de la Ville de Rennes sont à l’initiative de cette évaluation, avec le soutien de l’État. En effet, la métropole dispose d’un service d’évaluation et d’un chargé de mission dédié, à cette démarche, ce qui facilite les choses. Et, en octobre dernier, s’est déroulée la restitution des travaux.

En tant que déléguées du préfet à la politique de la ville, nous sommes associées à cette évaluation. Notre rôle sera particulièrement important dans le suivi de la mise en œuvre des recommandations qui vont émerger. Désormais, nous allons nous atteler à la traduction de ces recommandations, avec des actions et des expérimentations concrètes sur le territoire.

Comment s’est faite cette restitution et auprès de qui ?

Elle s’est adressée aux acteurs engagés dans quatre quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) : les partenaires institutionnels, les associations, les précédents délégués du préfet, la collectivité, les habitants, les acteurs de terrain, les services de l’État, comme l’Éducation nationale et la Justice… Étaient également conviés, dès le départ, la Région, le Département, la Caf et les bailleurs sociaux.

Tous ces acteurs ont défini, ensemble, les axes de l’évaluation à mener, entre 2018 et 2021, sur l’impact du contrat de ville dans l’espace public.

Comment sont représentés les habitants dans cette démarche ?

Ils sont impliqués à travers les membres du conseil citoyen rennais, conviés aussi au comité de suivi et de pilotage du contrat de ville. Il y a aussi eu d’autres temps de rencontres, via des réunions en soirée, pour ouvrir cette restitution à tous les résidents des quartiers.

Par ailleurs, la deuxième phase de l’évaluation a proposé une enquête de perception pour concerter encore plus largement les habitants, moins engagés dans la dynamique citoyenne. Afin de recueillir leurs images et perceptions des quartiers prioritaires, elle a été envoyée à 1 500 d’entre eux : 1 200 en QPV et 300 hors QPV.

Une enquête pour recueillir l’avis des habitants

L’enquête menée dans le cadre de l’évaluation du contrat de ville a mis en avant notamment les questions de la gestion de la propreté, avec un travail de médiation sur cette problématique, de la place de la femme dans l’espace public, de l’appropriation de certains groupes de cet espace empêchant d’autres personnes d’y intervenir, des temporalités selon les moments de la journée, de l’aménagement de ces espaces publics et espaces verts…
Conduite auprès de 1 500 personnes, elle reflète le vécu des habitants, avec quelques lieux ciblés par quartier prioritaire, ce qui permet de cartographier les lieux de passage difficiles ou mal vécus par les résidents.
L’évaluation a aussi recueilli la perception de professionnels du terrain, comme les jardiniers, les acteurs du monde associatif, les médiateurs de rue, les policiers…

Qu’est-ce qui ressort de cette évaluation et de ce questionnaire ?

Parmi les recommandations est remonté le besoin de fluidifier la gouvernance sur la thématique de l’espace public, en termes de méthodologie – échange entre les services, amélioration de la transversalité –, mais aussi auprès du public et des habitants. L’idée est de renforcer la présence et la visibilité des élus de quartiers et des délégués du préfet à la politique de la ville, afin de leur permettre un accès plus direct avec les institutions.

Le souhait d’expérimenter aussi de nouvelles manières de faire émerger, avec le droit à l’erreur pour tenter des projets portés par des habitants dans l’espace public, voir comment ils marchent ou pas, comment les retravailler si besoin…

Cela conforte une autre recommandation qui est de renforcer les démarches citoyennes pour encourager les initiatives des habitants dans leurs quartiers.

Tout cela va se mettre en œuvre durant l’année 2022, après un travail sur les actions à mener pour rendre concrètes ces recommandations. Ce sera inscrit dans la prochaine contractualisation des contrats de ville, qui capitalisera sur cette évaluation.