Interview

« L’Anru au service de la cohésion des territoires dans leur diversité »

Portrait d'Anne-Claire Matialot, souriante, les bras croisés et en veste noire.
Auparavant préfète déléguée pour l’égalité des chances en Seine-Saint-Denis, Anne-Claire Mialot a été nommée directrice générale de l'Anru le 15 décembre 2021. Elle a succédé à Nicolas Grivel, devenu DG de la Cnaf. DR Anru

Anne-Claire Mialot est la directrice générale de l’Anru depuis décembre dernier. Elle fait le point sur l’avancée du renouvellement urbain et évoque l’innovation dans la réflexion sur les quartiers de demain. Réussite éducative, développement économique et attractivité des centres-villes : Anne-Claire Mialot met en lumière la complémentarité ANCT/Anru, sur le terrain.

Vous êtes directrice générale de l’Anru depuis deux mois. Quelles sont vos ambitions pour l’agence ?

Ma priorité est d’accélérer la mise en œuvre des programmes de rénovation urbaine, notamment du NPNRU, le Nouveau Programme national de renouvellement urbain. En effet, les dysfonctionnements urbains et l’urgence sociale nécessitent qu’on intervienne rapidement. Avec une exigence : l’exemplarité sur les plans social, sociétal et environnemental des programmes de rénovation urbaine.

Je souhaite que l’Anru reste fidèle aux ambitions de ses créateurs en 2003, c’est-à-dire une agence au service de la rénovation urbaine – grande cause nationale –, mise en œuvre par les collectivités dans un partenariat territorial efficace, associant les habitants et les acteurs économiques et sociaux. C’est pourquoi, dès ma nomination, j’ai souhaité me rendre sur le terrain, à la rencontre des maires, présidents d’intercommunalités, bailleurs et, bien sûr, des habitants pour prendre connaissance des projets de rénovation urbaine des quartiers. À chaque fois, j’ai rencontré des acteurs engagés et convaincus de la pertinence de notre travail commun.

Nous allons donc poursuivre et amplifier notre action, en collaboration avec nos partenaires historiques que sont Action Logement, l’Union sociale pour l’habitat et la Banque des territoires ainsi que, bien sûr, l’ANCT et l’Anah.

À savoir
L’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), qui compte environ 130 collaborateurs, est l’un des opérateurs partenaires de l’ANCT.

En savoir plus

La dotation de 2 Md€ supplémentaires de l’État, accordée l’an dernier, a boosté l’avancée des chantiers du NPNRU. Où en est-on ? Et quelles sont les perspectives ?

À ce jour, 95 % des projets de renouvellement urbain ont été validés par l’Anru et plus de 11,6 Md€ (sur les 14 Md€ de concours financiers du programme) ont été mis à disposition des collectivités et des bailleurs sociaux pour lancer les chantiers.

Vue sur une grande avenue arborée, des immeubles d'habitations modernes et, au second plan, de grandes tours blanches.
À Mons-en-Baroeul (59), la rénovation urbaine concerne directement 10 000 personnes. Mais elle a un impact sur toute la ville : plus d'espaces arborés, des équipements sportifs nouveaux, des logements modernes, des commerces dynamiques... DR Anru

Cette validation des projets à un effet tangible dans les quartiers puisque les travaux ont commencé dans 328 des 450 quartiers concernés par le NPNRU. Près de 550 opérations – écoles, nouveaux logements, démolitions… – sont même déjà terminées. Ils contribuent à changer la vie des habitants.

Pour 95 % des projets, la balle est donc maintenant dans la main des collectivités et des bailleurs sociaux pour faire avancer concrètement les opérations en lançant les relogements, les appels d’offres nécessaires, les concours d’architecture, les permis de construire…

Pour les 5 % restants, situés souvent sur des territoires encore mobilisés par le Programme National de rénovation urbaine (PNRU), les discussions sont en cours avec les collectivités en vue d’une validation ces prochains mois.

Santé, alimentation, vieillissement, mixité sociale, ville durable… Comment l’Anru s’investit-elle dans ces problématiques qui traversent les quartiers populaires en renouvellement urbain ? Pour répondre à quels besoins ?

L’innovation occupe une place importante à l’Anru. C’est une force pour accompagner les élus dans leurs réflexions sur les quartiers de demain. Développement durable, santé, éducation, mobilité, insertion, emploi : sur tous ces sujets, les projets de renouvellement urbain sont une opportunité historique de donner un temps d’avance à ces quartiers par rapport à d’autres territoires.

Sans tomber dans le « tout appel à projets », l’Anru a lancé des initiatives qui permettent d’attirer l’attention des collectivités et des bailleurs sociaux sur des thématiques innovantes. C’est le sens de l’appel à projets « Quartiers fertiles » qui a permis aux collectivités de s’emparer avec plus d’ambition de la question de l’agriculture urbaine pour répondre aux attentes des habitants (circuits courts, place de la nature en ville, emploi…) et aux besoins des projets (gestion de la vacance du foncier…).

D’autres initiatives du même type pourront être lancées sur la santé ou le vieillissement, en lien avec nos partenaires nationaux historiques et les experts concernés.

L’ANCT et l’Anru travaillent conjointement sur certaines thématiques dans les quartiers prioritaires. Pouvez-vous nous citer deux ou trois exemples emblématiques, à vos yeux, au cœur de cette transformation urbaine ?

L’Anru et l’ANCT agissent de concert sur de nombreuses thématiques dans les quartiers. En effet, le renouvellement urbain seul ne peut changer radicalement la vie des habitants des quartiers s’il ne s’accompagne pas d’une action forte en matière de réussite éducative, d’emploi et de sécurité. J’illustrerai cette coopération indispensable par quelques exemples.

La première, c’est l’éducation avec les Cités éducatives. La plupart des cités éducatives sont au cœur des quartiers concernés par le NPNRU. Lorsqu’un porteur de projet présente une demande de financement s’appuyant sur un projet de réussite éducative, ambitieux financé par l’ANCT, l’Anru le prend en compte dans ses choix de financement.

La deuxième, c’est le développement économique. Qu’ils soient productifs, fertiles, innovants, les quartiers prioritaires en France constituent un gisement de croissance qu’il faut accompagner. En s’appuyant sur ses missions de renouvellement du bâti, l’Anru intensifie son action en faveur de l’essor économique dans les quartiers populaires. Avec l’ANCT, nous avons un levier pour redonner un dynamisme commercial, apporter de l’emploi, favoriser l’entreprenariat pour, in fine, changer le quotidien des milliers de Français qui y résident.

La troisième, c’est notre action conjointe dans les villes moyennes à travers Action cœur de ville. Sur les 234 villes éligibles au programme conduit par l’ANCT, 133 villes sont concernées par le NPNRU. Nous agissons ainsi de concert sur de nombreux territoires pour redonner une attractivité aux centres-villes de nombreux territoires notamment avec le savoir-faire déployé de longue date par l’Anru à travers son programme national de requalification des centres anciens dégradés.

Sur ces champs d’action, comme sur d’autres restants à définir, l’Anru est plus que jamais au service de la cohésion des territoires dans leur diversité.