L’éclairage d’Anne Gevertz, Sous-Préfète chargée de mission auprès de la Préfète de la Creuse

Dans cet entretien, Anne Gevertz, Sous-Préfète chargée de mission dans la Creuse, dépeint ces lieux hybrides qui « apportent dans les territoires ruraux une réponse adaptée et agile aux besoins des usagers ». Elle nous présente quelques exemples de tiers-lieux inspirants dans son département ainsi que la façon dont ils s’inscrivent dans une dynamique de coopération territoriale, en lien avec les services de l’Etat.

ANCT : Quels sont les exemples de tiers-lieux inspirants sur votre département ? Qu’apporte leur présence à l’action publique locale ?

Anne Gevertz : Dans la Creuse, les tiers-lieux s’inscrivent pleinement dans la dynamique associative du département. Leur force réside dans leur structuration en réseau et dans la diversité des services qu’ils proposent pour répondre aux besoins locaux. La création du réseau départemental TELA en 2016, constitué d’une vingtaine de tiers-lieux, contribue à la dynamique creusoise d’innovation rurale dans le cadre d’une « Fabrique de territoire » à l’échelle départementale : La fabrique creusoise. Le réseau permet de structurer l’action des tiers-lieux, de renforcer les échanges, de réaliser des actions communes et leur donne une plus grande visibilité.

Situés en cœur de bourgs, ce sont des espaces d'innovation sociale et de convivialité, de services (auberge, marché fermier, coworking, médiation numérique, parentalité, culture, etc.) pour les habitants, mais également une porte d'entrée pour les nouveaux arrivants. A travers la réflexion sur l’habitabilité, les tiers-lieux contribuent au travail mené sur l’attractivité du département, et aux besoins de services de proximité des habitants.

En parallèle, deux « Manufactures de proximité » associent formation et petite production, en lien avec des filières professionnelles. 

Quelles offres nouvelles ces tiers-lieux permettent-ils ? Qu’apportent-ils en termes de valeur ajoutée, selon vous, pour les territoires ruraux ?

Animés par une dynamique associative et citoyenne, les tiers-lieux ne sont pas des espaces institutionnels et peuvent, ce faisant, accueillir un public parfois éloigné des institutions. Ils offrent des espaces de travail associés à des services. Lieux hybrides, ils apportent dans les territoires ruraux une réponse adaptée et agile aux besoins des usagers. Ils contribuent à l’animation et plus largement à la revitalisation des centres-bourgs. Ils portent une forte dimension de cohésion sociale, en ruralité comme en quartier prioritaire.

Que peuvent apporter les tiers-lieux en termes de coopération à différentes échelles ?

Les tiers-lieux en Creuse fonctionnent en coopération à travers ce réseau départemental d’une vingtaine de sites. Ils sont également engagés dans des partenariats régionaux, nationaux, voire européens, avec la volonté de dupliquer l’expérience creusoise à travers de nouveaux modèles.

Les tiers-lieux ne s’inscrivent pas forcément dans les limites administratives territoriales (commune, communautés de communes…). Ouverts à tous, ils favorisent une coopération entre habitants ou associations des communes proches et permettent donc de dépasser l’échelle communale. Le réseau des tiers-lieux permet également de dépasser l’échelle des intercommunalités avec des coopérations entre tiers-lieux d’EPCI distincts.

Comment les services de l’État coopèrent avec les tiers-lieux ?

Le réseau des Tiers-Lieux TELA, spécifique à notre territoire, est soutenu par l’État à travers le dispositif  « Fabriques de territoire » : ainsi la Quincaillerie à Guéret et la Moustache à Jarnages sont tous deux labellisés Fabriques et subventionnés par l’ANCT. Le réseau est l’interlocuteur privilégié des services de l’État qui est associé aux instances de gouvernance. Il a participé aux travaux du pacte territorial pour la Creuse, et a pu porter la voix des tiers-lieux mais aussi des associations accueillies pour faire remonter les besoins des territoires et proposer des actions innovantes. Le réseau est également une courroie de transmission pour les appels à projets.

Plus largement, les services de l’État accompagnent également financièrement certains tiers-lieux, non nécessairement labellisés, pour leurs actions de médiation et d’accompagnement des associations.