Berry Sologne : entre savoir-faire séculaires et industrie du futur

Localisation

  • Mehun-sur-Yèvre (18)

Programme

  • Territoires d'industrie

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manufacture de porcelaine Pillivuyt

Depuis 200 ans, la manufacture Pillivuyt élabore, fabrique et commercialise des articles en porcelaine blancs ou décorés, principalement destinés aux arts de la table.

Grâce au savoir-faire de ses 160 salariés, elle produit trois millions de pièces par an sur son site de Mehun-sur-Yèvre dans le département du Cher. Pillivuyt est l’un des derniers fabricants français de porcelaine à maîtriser la totalité du processus de production, de la fabrication de la pâte jusqu'à la pose du décor sur le produit fini.

David Burnel

David Burnel, qui dirige l’entreprise depuis 2014, nous parle de ses projets.

Vous menez plusieurs projets d’investissements : achat d’un nouveau four avec l’aide d’un financement régional (fonds FEDER), ligne robotisée et numérisée de pressage, finition, émaillage de pièces en porcelaine avec le soutien du fonds d’accélération des investissements industriels dans les territoires. Pourquoi ces investissements, et pourquoi maintenant ?

Nous sommes en effet dans une phase d’investissements importants, car il nous faut absolument adapter notre outil de production pour répondre à la demande. Pillivuyt a perdu 25% de son chiffre d’affaires avec la crise sanitaire de 2020, une perte surtout liée aux difficultés du secteur de l’hôtellerie-restauration ; mais le carnet de commande est dynamique depuis début 2021, et c’est la capacité de production qui ne suit plus. Nous avions des projets de développement ; le plan de relance a permis de les concrétiser.

Quels sont les atouts de l’entreprise ?

Pillivuyt peut compter sur plusieurs atouts : un vrai ancrage régional, un savoir-faire national reconnu par le label « Entreprise du Patrimoine Vivant », et une stratégie d’exportation à l’international, fortement développée depuis quelques années, notamment vers l’Asie du sud-est (Corée) et les États-Unis. L’entreprise bénéficie d’un accompagnement collectif, à la fois par les actionnaires et par les services de l’Etat et de la Région ; je travaille étroitement et en toute transparence avec les pouvoirs publics.

En quoi votre porcelaine est-elle singulière ? Comment expliquer son succès ?

Il y a une forte demande actuellement pour la porcelaine de couleur, mais notre mode de production a été pensé pour faire du blanc. Nous avons donc fait le choix de valoriser le décor, cuit à haute température pour être parfaitement résistant.

Notre marque de fabrique, c’est une vaisselle durable, moins fine que la porcelaine de Limoges mais beaucoup plus résistante aux chocs mécaniques et thermiques. Nous travaillons avec des restaurateurs étoilés comme Alain Ducasse, avec des crèches pour remplacer des plateaux en plastique par des plateaux en porcelaine, mais aussi avec de nombreux EHPAD et hôpitaux, car notre vaisselle maintient bien les plats à température. Les salariés étaient d’ailleurs fiers, au cœur de la crise Covid, de continuer à assurer les livraisons auprès des hôpitaux.

 Comment s’articulent « industrie du futur » et savoir-faire centenaire dans votre manufacture ?

Les clients attendent à la fois un savoir-faire artisanal de grande qualité et des prix bas. C’est pour cela que nous introduisons de l’automatisation dans les modes de production, mais attention : nous ne travaillons pas avec des robots mais avec des cobots, qui nécessitent la collaboration d’un opérateur. Ils sont utilisés pour des pièces de moindre valeur ajoutée, lorsque les techniques humaines peuvent être imitées par la machine. Les pièces à grande valeur ajoutée, comme les petites séries commandées par une grande marque de luxe française, nécessitent quant à elles de poser les décors de façon beaucoup plus fine et professionnelle que ne peut le faire un robot.

Faites-vous partie d’un écosystème en lien avec les enjeux industriels de votre Territoire d’industrie ?

L’entreprise fait partie de l’accélérateur « Mode et Luxe » lancé par Bpifrance, pour nous aider à bien positionner notre marque, ainsi que de l’association qui regroupe l’ensemble des Entreprises du Patrimoine Vivant. Je suis également ambassadeur de l’association Dev’up, créée par la Région pour renforcer l’attractivité du territoire et accompagner les entreprises dans leur stratégie de développement économique ; et j’ai participé à la réunion de lancement d’un club d’ETI du Centre Val-de-Loire il y a un an environ.

Quels sont vos prochains projets ?

Nous avons des projets en lien avec la transition écologique, tels que de la production d’hydrogène via l’électricité de nos installations photovoltaïques, et un projet de tourisme industriel, pour partager l’histoire et valoriser le savoir-faire traditionnel de la manufacture. Cela pourrait aussi contribuer à renforcer l’attractivité du métier auprès des jeunes, faire mieux connaître cette entreprise véritablement atypique, son approche humaine, son ancrage dans un territoire en marge des grands centres, et ce patrimoine industriel national qui perdure dans le temps.

 

Irène Félix

Irène FELIX, Présidente de la communauté d’agglomération Bourges Plus, revient sur la démarche Territoires d’industrie.

 Irène FELIX est la référente élue du Territoire d'industrie Berry Sologne dans le cadre d’un binôme formé avec l’industriel Laurent SAINT-JEAN, directeur général de Retotub.

Le contrat du Territoire d'industrie Berry Sologne a été signé le 28 juin 2019. Pouvez-vous revenir sur la contractualisation initiale et le chemin parcouru depuis lors ?

On peut distinguer deux temps, celui du démarrage avec le regroupement des industries métallurgiques, de la défense, de l’aéronautique et de l’automobile autour des grands enjeux de formation et d’immobilier, et le temps de la relance avec la mobilisation autour des différents guichets France Relance. L’énergie déployée autour du plan de relance a rendu plus difficile le maintien de la dynamique initiale.

Quelles sont les réussites du programme sur votre territoire ?

La labellisation Territoires d’industrie a d’abord servi à renforcer les relations entre les acteurs de l’écosystème industriel au sein d’une démarche collective de territoire. Il en reste une certaine habitude de travail entre les administrations publiques et les industriels.

La perception du programme a évolué avec France Relance, puisque l’enjeu s’est déplacé vers la recherche de financements. Les collectivités locales, l’État, les organismes professionnels accompagnent les entreprises pour leur faciliter l’accès aux aides de l’État. Mais la limitation des possibilités de rencontres et des visites d’entreprises ne favorise pas la construction de dynamiques collectives, de même que la dispersion des personnes ressources dans différentes institutions et le télétravail compliquent les échanges.

Quelles pistes de progression identifiez-vous ?

Après les appels à projets, il faut retrouver une vision de moyen-terme et se mobiliser autour des éléments structurants pour le territoire, comme l’augmentation de l’offre immobilière, notamment via le recyclage foncier sur lequel un accompagnement financier de l’Etat reste nécessaire, ou encore le maintien de l’emploi et des compétences sur le territoire. Les fiches actions du contrat de Territoires d’Industrie  doivent être actualisées au regard des nouvelles priorités.

Le programme et la période ont également renforcé la prise de conscience de l’importance du tissu industriel français, en particulier lorsque les industries sont fortement liées à la souveraineté du pays comme c’est le cas sur notre territoire. Nous avons pris conscience de notre vulnérabilité dans ces secteurs clés.

 

Actualités du Territoire d’industrie Berry Sologne :

Dans le cadre du premier appel à manifestation d’intérêt « Au cœur des territoires », Bourges et Vierzon, les deux agglomérations principales du Territoire d’industrie, ont été retenues pour accueillir une antenne du CNAM. L’antenne de Bourges propose ainsi depuis septembre 2019 des formations pour intégrateurs web et commerce en ligne, tandis que celle de Vierzon propose depuis janvier 2020 des formations au métier de technicien développeur et des licences informatiques sous contrat d’apprentissage.

En savoir plus sur l’AMI Au cœur des territoires

Le Parc technologique de Sologne, sur la communauté de communes Vierzon Sologne Berry, est l’un des huit sites sélectionnés au niveau national pour accueillir une Fabrique prospective sur le thème des « sites industriels de demain », afin d’identifier les pistes d’aménagement et de gestion pertinentes localement. Le séminaire de lancement s’est déroulé début mai 2021.

En savoir plus sur les Fabriques prospectives

 

Le Territoire d’industrie Berry Sologne en data :

Retrouvez les chiffres des filières industrielles structurantes sur votre territoire

 

 

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