Le Pays de Grasse, l’industrie du naturel à l’heure de l’intelligence artificielle

Localisation

  • Pays de Grasse

Programme

  • Territoires d'industrie

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Vue aérienne de l'usine Tournaire

L’entreprise Tournaire accompagne depuis 1833 l’activité des distillateurs de plantes à parfum de Grasse en proposant des services qui ont évolué avec le temps : chaudronnerie à l’origine puis fabrication d’alambics, d’extracteurs modernes, d’estagnons de cuivre puis d’aluminium.

La filiale Tournaire Equipement est aujourd’hui spécialisée dans le traitement des matières premières naturelles. Elle porte un projet de plateforme de services dédiée à l’industrie du naturel, le WiNatLab, qui accompagne ses clients dans l’industrialisation de technologies d'extraction innovantes. 

3 objectifs de la plateforme :

  • Accélérer le développement de nouveaux actifs naturels ;
  • Développer les technologies d’extraction « vertes » ;
  • Renforcer la performance des acteurs du naturel.

Interviews

Franck Bardini  Directeur des Opérations de Tournaire.

Franck Bardini

Pouvez-vous revenir sur l’historique du projet ?

Franck Bardini : Le projet a été conçu et piloté au sein du groupe Tournaire, qui a investi plus de 1,5 M€ pour développer et mettre en place ces outils. Nous avons cherché dès 2015 à développer la recherche et développement (R&D) en prenant conscience de l’attrait général pour le naturel, notamment à travers les choix des consommateurs. Partant de ce constat, nous avons cherché comment accompagner et accélérer l’innovation de nos clients pour être au cœur des enjeux du marché de demain. Pour mener à bien ce projet, nous avons reçu un accompagnement précieux de la Région, de la chambre de commerce et d’industrie, des services de l’Etat – de nombreux acteurs réactifs et compétents qui nous ont aidés à avancer.

Le projet a donc pu se concrétiser malgré la crise sanitaire ?

F.B. : WiNatLab a été inauguré en septembre 2020, peu de temps avant le reconfinement, mais 200 personnes se sont déplacées : la preuve pour nous que la dynamique était déjà lancée, et que la plateforme répondait à un vrai besoin. La subvention obtenue dans le cadre du fonds d’accélération des investissements industriels dans les territoires va permettre de lancer dès maintenant la deuxième phase d’investissements, sans perdre de temps : l’extension de la gamme de solutions semi-industrielles accessibles sur la plateforme, pour renforcer la phase de R&D menée par nos clients.

La plateforme est-elle déjà opérationnelle ?

F.B. : Tout à fait : le démarrage industriel de la plateforme a été effectué début février et le programme des essais est quasiment plein jusqu’à l’été ; nous avons déjà le retour d’expériences de clients qui ont procédé à deux campagnes d’essais. Actuellement, il est prévu que 6 projets passent en phase d’industrialisation, ce qui correspond à la création d’une usine complète : autant d’opportunités de créer une dynamique d’embauches et de développement industriel sur le territoire !

Pourriez-vous expliciter la dimension collective du projet ?

F.B. : Notre vocation est de contribuer au maximum au développement des acteurs locaux. La plateforme a la particularité de conserver la propriété intellectuelle des projets développés, ce qui va permettre à nos clients de bénéficier des compétences et des savoir-faire accumulés, et ainsi d’accélérer leurs propres projets innovants. On gagne 2 à 3 mois sur un projet de 12 mois grâce au raccourcissement des phases d’études, comme les technologies que nous utilisons sont déjà validées.

Pour les nouveaux entrants qui ne connaissent pas forcément le marché, le WiNatLab peut apporter une aide décisive en faisant avancer leur projet et en fournissant des données qui leur manquent. La confidentialité est pour autant totalement préservée entre les différents projets ; nous avons inscrit ces principes dans une charte, car cette démarche éthique nous paraît fondamentale.

Le développement de la plateforme est accompagné par nos partenaires experts dans leur domaine de l’innovation sur le secteur du naturel : Health & Beauty Innovation, BotaniCert, EcoXtract, IDCO, Nova Extraction, afin de renforcer l’offre sur-mesure.

En quoi cette plateforme est-elle innovante ?

F.B. : La rupture consiste, pour nos clients, à recourir à une plateforme comme WiNatLab pour accélérer l’innovation sur une partie de leurs besoins au lieu de tout faire en propre. Les clients sont en autonomie et peuvent nous solliciter sur n’importe laquelle des 4 phases que nous avons identifiées : validation préliminaire des produits, identification de la meilleure technologie d’extraction (R&D), essais pilotes pour le passage à l’échelle industrielle et enfin industrialisation. Malgré son fort développement, nous sommes encore sur un secteur de niche, d’où l’intérêt d’une plateforme qui propose des essais sur-mesure.

Découvrir la plateforme collaborative WiNatLab :
https://winatlab.tournaire.fr/

 

Jérôme Viaud, président de la communauté d’agglomération du Pays de Grasse 

Jérôme Viaud

Jérôme Viaud, forme avec l’industriel Philippe Maubert, président directeur général du groupe Robertet, le binôme référent « territoire d'industrie » pour le Pays de Grasse.

Un protocole d’accord a été signé fin 2019 pour le territoire d'industrie « Pays de Grasse - Sophia Antipolis - Cannes » avec plusieurs fiches actions communes aux trois agglomérations. Quelle est votre vision du programme ?

Jérôme Viaud : Territoires d'industrie est une bonne démarche, pragmatique, proche des élus et des capitaines d’industrie. Elle repose sur le constat que l’intelligence collective, par le rapprochement entre les territoires et les industriels, nous rend plus efficaces ensemble ; cette union des forces permet d’être plus structurés et de mieux faire face à la compétition mondiale.

J’en veux pour preuve, dans le contexte de crise, une meilleure résistance de l’industrie du Pays de Grasse face au choc économique mondial, grâce à l’agilité des entreprises et au dynamisme du tissu local. Les chiffres sur les Alpes-Maritimes le révèlent : nos entreprises ont enregistré une perte autour de 7% du chiffre d’affaires et de 3,5% des emplois (parfois jusqu’à moins 20% du CA et 10% de l’emploi dans d’autres territoires). De plus, l’industrie est un élément de locomotive pour les autres secteurs qu’elle entraine.

Quel est votre retour d’expérience en qualité d’élu référent ?

J.V. : Le binôme élu-industriel a permis de gagner en efficacité et d’obtenir des bénéfices réciproques : faire en sorte que les actions définies correspondent à la réalité des besoins et préoccupations des acteurs industriels dans une logique « bottom up », mieux comprendre la position de l’élu et travailler en synergie avec l’ensemble des partenaires. Territoires d'industrie apporte cette plus-value. Des facilités sont constatées dans la mise en œuvre des actions.

Notre volonté clairement est de fédérer. Dans ce cadre, Territoires d'industrie est un véritable catalyseur des volontés et énergies à l’échelle de l’agglomération mais aussi des deux autres intercommunalités. Nous sommes également en phase avec le pilotage de la Région, dans une logique de proximité avec les acteurs. Le système de gouvernance fonctionne.

Quels sont selon vous les principaux enjeux pour l’avenir de la filière parfum/arôme/cosmétique ?

J.V. : L’adaptation de l’outil de production, grâce à l’innovation, est un enjeu permanent pour la filière. Par exemple, la plateforme de services WiNatLab développée par le groupe Tournaire propose à la fois de l’innovation et de la collaboration, sur des nouveaux procédés en lien avec l’extraction, dans un domaine extrêmement concurrentiel.

La sécurité, la traçabilité des produits et l’apport de services, en plus des savoir-faire historiques de la filière, sont aussi des gages de qualité permettant de se démarquer aux niveaux national et international.

Le volet de l’export est également essentiel pour nos entreprises dont le chiffre d’affaires peut représenter jusqu’à 95% à l’export. L’agglomération est mobilisée en lien avec les partenaires de la Team France Export (Région, CCI, Business France, Bpifrance…).

Nous travaillons au renforcement de l’environnement favorable au développement de la filière du parfum et des arômes ainsi qu’aux biotechnologies : la veille sur les besoins pour demain, le développement des secteurs d’excellence, le renforcement du tissu économique local.

Pouvez-vous nous donner des exemples de projets emblématiques pour votre territoire ?

J.V. : Le Parcours Sud Industrie 4.0, mis en place par la Région et son agence Rising Sud, mobilise un ensemble d’opérateurs publics et privés (CCI, pôles de compétitivité…) afin d’accompagner les entreprises par des briques de solutions (ERP/gestion intégrée des fournisseurs, IOT/objets connectés, IA/intelligence artificielle, RSE/enjeux sociétaux…). L’agglomération est prescriptrice de ce parcours et prend aussi le relais par la mobilisation du club des entrepreneurs de Grasse sur des thèmes techniques.

Par ailleurs, nous avons développé une offre d’accompagnement et d’hébergement des entreprises à tous les niveaux d’intervention, de l’incubation à l’industrialisation. Depuis 2018, nous disposons d’un hôtel d’entreprises scientifique avec des bureaux équipés de laboratoires. Nous fêtons cette année les 10 ans de notre pépinière d’entreprises.

Sur notre bassin d’emploi, nous avons lancé une démarche de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences territoriale (GPECT) afin d’anticiper les enjeux de formation et de recrutement d’une main d’œuvre qualifiée, rester compétitif et renforcer l’attractivité du territoire ; le diagnostic est conduit cette année en vue d’un déploiement en 2022.

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